13/06/1972

Révolution de février 1848

La Deuxième République, ou Seconde République1, est le régime politique de la France du 24 février 1848, date de la proclamation provisoire de la République à Paris, jusqu'au sacre de Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1852, sacre amorcé – jour pour jour l'année précédente – par un coup d'État. Elle fait suite à la Monarchie de Juillet et est remplacée par le Second Empire.
La Deuxième République est un régime politique original dans l'histoire de France d'abord par sa brièveté, ensuite car c'est le dernier régime à avoir été institué à la suite d'une révolution. C'est enfin le régime qui applique pour la première fois le suffrage universel masculin en France et abolit définitivement l'esclavage dans les colonies françaises.
La Deuxième République est à ce jour le seul régime présidentiel (basé sur le modèle américain) ayant été en vigueur en France. Le Président sous la Deuxième République avait un pouvoir comparable aux actuels Présidents de la Cinquième République.
Après le coup d'État du Président Louis-Napoléon Bonaparte, la crainte d'un président trop puissant pousse les républiques suivantes à abandonner le régime présidentiel au profit d'un régime parlementaire où le gouvernement est responsable devant l'Assemblée, laquelle est ainsi bien plus puissante mais cause les instabilités gouvernementales des IIIe et IVe Républiques.
En 1958, lors de l'instauration de la Cinquième République par le général de Gaulle, le retour d'un pouvoir présidentiel amènera certains anti-gaullistes à parler d'un "retour à la Deuxième République".

La Campagne des Banquets désigne une série d'environ 70 réunions organisées dans toute la France entre 1847 et 1848 par les réformateurs pour demander un élargissement du corps électoral et s'opposer aux décisions prises par le gouvernement conservateur de François Guizot. L'interdiction d'une de ces réunions, qui devait se tenir à Paris le 22 Février 1848, est à l'origine de la révolution de février 1848 qui entraîna la chute de la monarchie de Juillet et le départ du roi Louis-Philippe.

Le gouvernement Guizot décide finalement d’interdire ces faux banquets qui sont de vraies réunions politiques.
  • Le 14 février, le préfet de police interdit un banquet projeté à Paris pour le 19. À l'appel d'Armand Marrast, dans Le National, les Parisiens sont invités à manifester le 22, date à laquelle le banquet a été reporté. Le rassemblement doit s'effectuer place de la Madeleine. La veille, pourtant, les principaux chefs de l'opposition reculent devant l'épreuve de force et donnent le contrordre d'annuler le banquet et la manifestation. Le gouvernement semble devoir l'emporter ; confiant, il décide de ne pas mettre en application les dispositifs militaires prévus en cas d'incidents graves.
En fait, gouvernement et opposition vont être débordés par la situation se développant au fil des heures en « révolution ».
  • Le 22 février au matin, des centaines d'étudiants (dont certains s'étaient déjà mobilisés dès le 3 janvier pour dénoncer la suppression des cours de Jules Michelet) se rassemblent place du Panthéon, puis se rendent à la Madeleine où ils se mêlent aux ouvriers. Les manifestants (3 000 personnes) se dirigent ensuite vers la Chambre des députés, Place de la Concorde, aux cris de « Vive la Réforme ! À bas Guizot ! ». Mais dans l'ensemble, les forces de l'ordre contrôlent la situation. L'occupation militaire de Paris a été décrétée vers 16 heures. Le roi peut compter sur 30 000 soldats, l'appoint de l'artillerie, la sécurité des forts qui encerclent la capitale. Il y a, enfin, la Garde nationale, 40 000 hommes environ.
Après quelques incidents (un mort), les troubles se déplacent vers l'église Saint-Roch, la manifestation s'organise, la situation s’envenime puisque la crise ne peut être dénouée, la Chambre ayant rejeté quelques heures plus tôt la demande de mise en accusation du gouvernement Guizot déposée par Odilon Barrot.
  • Le matin du 23 février, alors que l'insurrection se développe, les gardes nationaux de la deuxième Légion, boulevard Montmartre, crient « Vive la Réforme ! ». Dans d'autres quartiers, différents bataillons de la Garde nationale protègent les ouvriers contre les gardes municipaux et même contre la troupe de Ligne. La Garde nationale se pose ainsi en arbitre entre l'armée et le peuple. Cette défection sonne le glas du pouvoir de Guizot.
Louis-Philippe se rend subitement compte de l'impopularité de son ministre et se résout, dans l'après-midi, à le remplacer par le comte Molé, ce qui équivaut à accepter la réforme.  
Le roi renvoie certes tardivement son ministre Guizot, mais la protestation se calme : le pire semble évité même si le climat reste tendu.
En soirée, la foule déambule sous des lampions pour manifester sa joie et envisage de se rendre sous les fenêtres de Guizot pour le huer. Le mécontentement avait été si profond depuis des mois et la tension des dernières heures si vive que le moindre incident pouvait encore mettre en péril ce règlement « légaliste » et improvisé de la crise et raviver les ardeurs révolutionnaires.
 Dans le quartier des Capucines, une rue est barrée par le14e régiment d'infanterie de ligne et la provocation d'un manifestant porteur d'une torche envers un officier a des conséquences tragiques. Se croyant menacée,
la garde ouvre le feu, laissant sur le pavé plus de 50 tués qui « justifient » le rebondissement et l'amplification du mouvement protestataire, alors que l'apaisement semblait en bonne voie. Cette fusillade du boulevard des Capucines, la promenade des cadavres, la nuit, à la lueur des torches, sur une charrette dans les rues de Paris, l'appel du tocsin annonçant le massacre, entre 23 heures et minuit, de Saint-Merri àSaint-Sulpice, relancent l'insurrection. Puisqu'il y a 52 martyrs, on dévalise les armuriers et on édifie des barricades. Il y en a bientôt 1 500 dans toute la ville. Le monde ouvrier y coudoie la jeunesse estudiantine et la petite bourgeoisie.
Pendant que Paris se soulève, le roi, aux Tuileries, n'a plus de gouvernement. Molé a renoncé et conseille de faire appel à Thiers. Ce dernier exige alors la dissolution de l'Assemblée nationale, mais le roi refuse. Le maréchal Bugeaud, nommé commandant supérieur de l'armée et de la Garde nationale de Paris, est convaincu qu'il peut vaincre l'émeute, mais le souverain refuse la solution de force. Beaucoup trop de sang a déjà coulé.
  • Le 24 février, Louis-Philippe ne parvient pas à reprendre en main la situation, malgré une dernière tentative de confier le gouvernement à Odilon Barrot.
Lorsque le palais commence à être attaqué par la foule,
vers midi, le roi abdique en faveur de son petit-fils de 9 ans, le comte de Paris, confie la régence à la duchesse d'Orléans, puis se résout à prendre le chemin de l'exil.
 Au début de l'après-midi, la duchesse d'Orléans se rend au Palais-Bourbon pour y faire investir son fils et y faire proclamer officiellement la régence, dans l'espoir de sauver la dynastie. Les députés, dans leur majorité, semblent favorables à une régence. Mais les républicains ont appris de leur échec de 1830 et tandis que la bourgeoisie s’organise un nouveau gouvernement simplement plus libéral, ils forcent la main : pendant la séance, le Palais-Bourbon est envahi par les révolutionnaires qui, d'accord avec les élus de l'extrême gauche, repoussent toute solution monarchique et font proclamer un gouvernement provisoire.
On estime que les trois journées de février ont fait 350 morts et au moins 500 blessés.


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