Le massacre de Thiaroye est un massacre commis par les troupes coloniales et des gendarmes français à l'encontre de tirailleurs africains, le , au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar, dans la colonie du Sénégal. Il survient à la suite d'une manifestation de tirailleurs, anciens prisonniers de la Seconde Guerre mondiale récemment rapatriés, réclamant le paiement de leurs indemnités et le versement du pécule qui leur était dû depuis des mois, que l’administration coloniale refuse de leur verser.
Ce n’est qu’après plus de quarante ans que la recherche historique peut s’emparer du sujet, faisant face à de nombreuses difficultés entre les archives falsifiées et celles manquantes ou cachées.
Les autorités françaises reconnaissent 35 à 70 victimes.
Des fouilles archéologiques ont lieu en 2025 afin d'exhumer les dépouilles et connaitre la vérité.
Mais, contrairement aux soldats originaires de la France métropolitaine, les Allemands ne les internent pas en Allemagne, souvenir de la Honte noire[7]. Alors que la moitié des soldats coloniaux français avaient été transportés en Allemagne, au printemps 1941, ils ont tous été renvoyés dans des camps en France[8].
Ils sont ainsi 69 000 prisonniers de l’armée coloniale à être emprisonnés dans des Frontstalags répartis dans toute la zone occupée, dont 15 777 Sénégalais et 3 888 Malgaches. Leur nombre diminue fortement la première année : Armelle Mabon estime que 2 500 d’entre eux ont réussi à s’évader ; de nombreux autres sont déclarés inaptes au travail, avec la complicité de médecins français, et envoyés en zone sud où ils sont pris en charge au sein des GMICR (groupements de militaires indigènes coloniaux rapatriables), pour un total de 16 000 hommes en 1943. Au sein de ces GMICR, seuls les Nord-Africains sont effectivement transportés en Afrique[7
Dans les Frontstalags, les conditions de détention sont dures : ils sont généralement affamés et mal vêtus, malgré les colis de la Croix-Rouge et de l’association Amitiés africaines. Certains tirailleurs sont employés pour divers travaux, et touchent une indemnité de 8 francs français (FF) par jour, qu’ils déposent sur un livret d’épargne géré par le Frontstalag.
À partir de 1943, dans le cadre de la politique de collaboration avec l’Allemagne nazie, le régime de Vichy fournit des cadres de l’armée pour encadrer les Frontstalags, ce qui permet à la Wehrmacht de récupérer quelques centaines de combattants pour le front de l'Est. Ce sont donc des officiers français, libres, qui deviennent les gardiens de prison des tirailleurs sénégalais pour le compte des Allemands, ce qu’ils ressentent comme une trahison[7].
Parmi les évadés, un grand nombre rejoint la résistance, comme les 52 qui combattent dans le maquis du Vercors ou le Guinéen Addi Bâ, créateur d’un maquis dans les Vosges et mort sous la torture, reconnu combattant de la Résistance en 2003[7].
À l’automne 1944 et à l’hiver 1944-1945, une série de contestations et une mutinerie touchent les contingents de soldats originaire d’Afrique du Nord retirés du front, qui portent des revendications d’égalité avec les soldats de la métropole[11].
Alors que la Seconde Guerre mondiale n'est pas encore terminée, les tirailleurs africains sont, durant l'été 1944, parmi les premiers prisonniers de guerre libérés par l'avancée des troupes alliées à la suite du débarquement de Normandie. Près de 30 000 soldats autochtones, dont 17 000 Nord-Africains, sont libérés ; s’y ajoutent les évadés et ceux qui ayant rejoint la Résistance, ont combattu au sein des Forces françaises de l'intérieur (FFI). Le général Ingold organise leur départ pour qu’il soit le plus rapide possible : regroupement en casernes pour rétablir la discipline, dans des conditions pires que celles de leur internement, ce qui émeut la presse. Enfin, lorsqu’ils embarquent pour l’Afrique, aucune cérémonie n’a lieu[7]. Le même Ingold refuse de prendre en compte les grades acquis au sein des FFI[12]. Cette démobilisation sert aussi à « blanchir » les troupes françaises. Au total, « de à , le nombre d’autochtones rapatriés en AOF […] s'élève à 9 678, soit 3 261 ex-prisonniers et 6 334 rapatriés de France »[13]. En général, on constate une grande impatience de rentrer au pays chez les soldats coloniaux[7]. Les premiers tirailleurs à quitter la France embarquent les 9 et 22 octobre de Cherbourg[14].
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