Une guerre coûteuse
Au début de la guerre, le Front libanais (maronite) regroupe plusieurs milices : la Phalange de Pierre Gemayel aligne 15 000 hommes, les "Tigres" de Camille Chamoun, 3 500 ;en face, le PSP de Kamal Joumblatt, principale force du camp palestino-progressiste, n’a guère que 3 000 combattants ;
la gauche est donc en nette infériorité jusqu’à l’entrée en action de l’OLP au début de 1976, qui renverse la balance 5.
Les contributions volontaires des grandes familles maronites, chiites ou druzes sont rapidement insuffisantes pour financer la guerre : dès 1976, la milice phalangiste procède au pillage du port de Beyrouth, ramassant un butin estimé entre un et deux milliards de dollars ; peu après, les phalangistes et les milices palestino-progressistes s’entendent pour piller le centre-ville et les souks de la capitale, avec un butin comparable ; les coffres-forts des banques sont également dévalisés ; à ces grandes opérations, s’ajoute un racket quotidien de familles aisées, une "fiscalité milicienne" sur les échanges et une contrebande massive, échappant aux douanes officielles ; le trafic de drogue représenterait seul entre 0,7 et 1 milliard de dollars par an6. Les arsenaux de l’armée régulière sont vidés à plusieurs reprises au bénéfice des milices7.
La prise d’otages devient aussi une véritable industrie, obéissant aux motivations les plus variées : extorquer une rançon, faire libérer un parent ou partisan prisonnier, intimider ou se venger d’une famille adverse ; selon un recensement fait en 2000, il y aurait eu 17 000 Libanais disparus définitifs par enlèvement pendant la durée de la guerre civile ; les enlèvements d’étrangers, surtout occidentaux, ne débutent qu’en 1984 et sont beaucoup moins nombreux (98 personnes de 1984 à 1990)8.
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