Augustin d'Hippone (latin : Aurelius Augustinus), ou saint Augustin, né dans la Province d'Afrique au municipe de Thagaste (actuelle Souk Ahras, Algérie) le et mort le à Hippone (actuelle Annaba, Algérie) est un philosophe et théologien chrétien d'origine berbère. Avec Ambroise de Milan, Jérôme de Stridon et Grégoire le Grand, c'est l'un des quatre Pères de l'Église occidentale et l’un des trente-six docteurs de l’Église.
Deux femmes ont beaucoup comptés pour Augustin :
sa mère, et sa concubine pendant treize ans, dont il a eu un fils, Adéodat. Sa mère Monique lui est si attachée que Peter Brown la traite de « mère abusive »60 et qu'Augustin lui-même estime que son amour pour lui était à certains égards « trop charnel »N 8. Chrétienne ardente, elle sait se montrer ferme avec son fils. Lorsqu'il devient manichéen, elle le chasse de la maison.
Augustin est considéré comme l'un des principaux artisans de la synthèse réalisée par les Pères de l' Eglise entre le néoplatonisme, le judéo-christianisme, les Écritures67, et – comme le montre son livre la Cité de Dieu – la culture classique latine. À ce titre, il a longtemps influencé la partie de l'Occident marquée par les christianismes catholique et protestant.
L'opposition entre Augustin et Pélage pour être comprise doit être située d'un point de vue sociologique et politique.
Pour Pélage, qui a pour public de riches Romains convertis par mariage ou par conformisme social, l'Église est vue comme un groupe qui doit donner le bon exemple et ainsi attirer les autres138. Il s'agit là d'idées proches de celles des donatistes qu'Augustin vient de « mettre au pas » en Afrique. Toutefois, dans ce cas, Augustin est aux prises avec une crise qui touche les membres de la classe dirigeante, et pour Peter Brown, « la victoire d'Augustin sur Pélage fut aussi celle du bon catholique moyen du Bas-Empire sur un austère idéal de réforme »138.
Pour Pélage et ses partisans, la nature humaine est immuable et la corruption par le péché assez légère, de sorte que la maîtrise de soi et la volonté peuvent y suffire139. Il s'agit d'une conception de la nature marquée par le stoïcisme romain140.
Au contraire, pour Augustin la nature est profondément pervertie par le péché.
Autre point de divergence, alors que, chez Pélage l'homme est vu comme isolé139,
pour Augustin, l'homme est en relation avec les autres, il est « toujours sur le point d'être entraîné dans de vastes et mystérieuses solidarités »139. Chez lui, le premier péché réside dans la désobéissance d'Adam et Ève, qui mangent du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
Augustin est à l'origine de la doctrine du péché originel, et fera condamner Pélage sur ce sujet lors du concile de Carthage de 418. Le péché ne trouve pas son origine dans la découverte de la sexualité comme chez Grégoire de Nysse, mais dans le passage d'une sexualité parfaite à une sexualité où l'harmonie entre la chair et l'esprit s'en est allée141. Le désir, surtout le désir sexuel qui touche Augustin personnellement, est perçu comme une force qui se heurte constamment à la raison et qui tire la nature humaine vers le bas. La vie de couple est assimilée au « regnum uxorium » (royaume de la femme) et les pratiques sexuelles afférentes sont jugées asservissantes142. Plus généralement, il y a chez Augustin une « discordia entre la chair et l'esprit »143. Toutefois, pour Peter Brown comme pour Goulven Madec, il ne faut pas faire d'Augustin « le malin génie de l'Europe »144. En effet, une certaine vision sombre de la sexualité a bien d'autres sources qu'Augustin, qui comparé à certains de ses contemporains comme Jérôme de Stridon et Grégoire de Nysse, campe sur une position relativement modérée145.
Ces différences quant à la conception de la nature humaine conduisent Augustin et Pélage à des façons différentes de penser l'action juste et la liberté.
Chez les pélagiens, pour se sauver il faut suivre les règles et à cette fin, ils insistent sur la peur liée au Jugement dernier138.
Augustin, au contraire, dans un livre intitulé De l'esprit et de la lettre, insiste sur l'évolution intérieure, sur l'impuissance de l'homme et sur le rôle de Dieu qui seul peut « donner l'esprit qui fait vivre, c'est-à-dire aimer le bien pour lui-même »146. De même, alors que chez les pélagiens les hommes sont libres de leur choix, chez Augustin la volonté libre ne peut à elle seule nous faire choisir le bien, il faut d'abord que l'homme soit guéri de son péché, c'est-à-dire qu'il lui faut « acquérir tout ce que Pélage avait pensé qu'il possédait dès le départ »147.
La controverse avec Julien d'Eclane est la dernière que mène Augustin, que la mort surprend avant qu'il n'ait fini un écrit consacré à ce sujet148. Julien d'Eclane
est pélagien et comme tel s'oppose à Augustin sur la nature humaine. En
particulier, Julien qui a été un évêque marié n'a pas la même
prévention qu'Augustin sur la sexualité149. Toutefois, le centre de leur controverse ne porte pas sur ce point mais sur la nature divine, la justice et la souffrance150.
Pour Julien, Dieu est d'abord juste. Aussi, il ne peut pas envoyer en enfer les bébés non baptisés comme le prétend Augustin151. Pour Augustin, Dieu est tellement au-dessus de nous que sa justice nous est insondable et que son œil peut voir plus en profondeur que nous le péché inscrit dans l'homme152. Dans sa controverse, Julien d'Eclane tente de faire passer Augustin pour un manichéen152. En fait, la conception d'un Dieu tout-puissant d'essence néoplatonicien s'oppose, comme lui rappelle Augustin, au Dieu faible de Mani153. Mais, pour Peter Brown, lui et le manichéisme ont en commun de se focaliser sur la souffrance, et sa perception du monde comme un « enfer en miniature » peut être vue « comme un écho sinon des grands Mythes de Mani lui-même, du moins des sombres homélies de l'Élu manichéen »15
Deux femmes ont beaucoup comptés pour Augustin :
sa mère, et sa concubine pendant treize ans, dont il a eu un fils, Adéodat. Sa mère Monique lui est si attachée que Peter Brown la traite de « mère abusive »60 et qu'Augustin lui-même estime que son amour pour lui était à certains égards « trop charnel »N 8. Chrétienne ardente, elle sait se montrer ferme avec son fils. Lorsqu'il devient manichéen, elle le chasse de la maison.
Augustin est considéré comme l'un des principaux artisans de la synthèse réalisée par les Pères de l' Eglise entre le néoplatonisme, le judéo-christianisme, les Écritures67, et – comme le montre son livre la Cité de Dieu – la culture classique latine. À ce titre, il a longtemps influencé la partie de l'Occident marquée par les christianismes catholique et protestant.
L'opposition entre Augustin et Pélage pour être comprise doit être située d'un point de vue sociologique et politique.
Pour Pélage, qui a pour public de riches Romains convertis par mariage ou par conformisme social, l'Église est vue comme un groupe qui doit donner le bon exemple et ainsi attirer les autres138. Il s'agit là d'idées proches de celles des donatistes qu'Augustin vient de « mettre au pas » en Afrique. Toutefois, dans ce cas, Augustin est aux prises avec une crise qui touche les membres de la classe dirigeante, et pour Peter Brown, « la victoire d'Augustin sur Pélage fut aussi celle du bon catholique moyen du Bas-Empire sur un austère idéal de réforme »138.
Pour Pélage et ses partisans, la nature humaine est immuable et la corruption par le péché assez légère, de sorte que la maîtrise de soi et la volonté peuvent y suffire139. Il s'agit d'une conception de la nature marquée par le stoïcisme romain140.
Au contraire, pour Augustin la nature est profondément pervertie par le péché.
Autre point de divergence, alors que, chez Pélage l'homme est vu comme isolé139,
pour Augustin, l'homme est en relation avec les autres, il est « toujours sur le point d'être entraîné dans de vastes et mystérieuses solidarités »139. Chez lui, le premier péché réside dans la désobéissance d'Adam et Ève, qui mangent du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
Augustin est à l'origine de la doctrine du péché originel, et fera condamner Pélage sur ce sujet lors du concile de Carthage de 418. Le péché ne trouve pas son origine dans la découverte de la sexualité comme chez Grégoire de Nysse, mais dans le passage d'une sexualité parfaite à une sexualité où l'harmonie entre la chair et l'esprit s'en est allée141. Le désir, surtout le désir sexuel qui touche Augustin personnellement, est perçu comme une force qui se heurte constamment à la raison et qui tire la nature humaine vers le bas. La vie de couple est assimilée au « regnum uxorium » (royaume de la femme) et les pratiques sexuelles afférentes sont jugées asservissantes142. Plus généralement, il y a chez Augustin une « discordia entre la chair et l'esprit »143. Toutefois, pour Peter Brown comme pour Goulven Madec, il ne faut pas faire d'Augustin « le malin génie de l'Europe »144. En effet, une certaine vision sombre de la sexualité a bien d'autres sources qu'Augustin, qui comparé à certains de ses contemporains comme Jérôme de Stridon et Grégoire de Nysse, campe sur une position relativement modérée145.
Ces différences quant à la conception de la nature humaine conduisent Augustin et Pélage à des façons différentes de penser l'action juste et la liberté.
Chez les pélagiens, pour se sauver il faut suivre les règles et à cette fin, ils insistent sur la peur liée au Jugement dernier138.
Augustin, au contraire, dans un livre intitulé De l'esprit et de la lettre, insiste sur l'évolution intérieure, sur l'impuissance de l'homme et sur le rôle de Dieu qui seul peut « donner l'esprit qui fait vivre, c'est-à-dire aimer le bien pour lui-même »146. De même, alors que chez les pélagiens les hommes sont libres de leur choix, chez Augustin la volonté libre ne peut à elle seule nous faire choisir le bien, il faut d'abord que l'homme soit guéri de son péché, c'est-à-dire qu'il lui faut « acquérir tout ce que Pélage avait pensé qu'il possédait dès le départ »147.
Nature divine, justice et souffrance : Augustin contre Julien d'Eclane
Article connexe : Julien d'Eclane.
Mani
Pour Julien, Dieu est d'abord juste. Aussi, il ne peut pas envoyer en enfer les bébés non baptisés comme le prétend Augustin151. Pour Augustin, Dieu est tellement au-dessus de nous que sa justice nous est insondable et que son œil peut voir plus en profondeur que nous le péché inscrit dans l'homme152. Dans sa controverse, Julien d'Eclane tente de faire passer Augustin pour un manichéen152. En fait, la conception d'un Dieu tout-puissant d'essence néoplatonicien s'oppose, comme lui rappelle Augustin, au Dieu faible de Mani153. Mais, pour Peter Brown, lui et le manichéisme ont en commun de se focaliser sur la souffrance, et sa perception du monde comme un « enfer en miniature » peut être vue « comme un écho sinon des grands Mythes de Mani lui-même, du moins des sombres homélies de l'Élu manichéen »15
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